Les achats responsables ne sont pas morts, bien au contraire!

Les achats responsables ne sont pas morts, bien au contraire!

Aymeric Duprez

Entre le «paquet Omnibus» et la directive «Stop the clock», l’année 2025 a commencé avec un sérieux coup de frein sur les ambitions réglementaires de l’Union Européenne. Aux États-Unis, les vents semblent aussi contraires, particulièrement en matière environnementale et de diversité. Mais si certains y voient un retour en arrière, gardons-nous d’enterrer trop vite le sujet. Même si les uns et les autres malmènent les engagements du passé, la RSE est là pour durer. Et les achats sont les premiers concernés.

Car le besoin est loin d’avoir disparu. La dette écologique enfle, et la planète souffre. Ses perturbations impactent nos activités chaque jour un peu plus. Les droits humains ont encore beaucoup à progresser. L’urgence est toujours là, et n’a pas de frontières. Pendant que certains se désengagent d’une contrainte mal vécue ou investie a minima, les pionniers concernés par la première vague réglementaire continuent à défricher le terrain. En esquissant leurs premières matrices de double matérialité, ils ont pu mesurer l’ampleur de la tâche et l’intérêt de la démarche. Un investissement qui reste pertinent, car à moyen terme, la performance RSE est vouée à devenir une composante incontournable de la compétitivité. S’il fallait encore s’en convaincre, l’initiative de la Chine de s’aligner sur les standards occidentaux avec ses «Corporate Sustainability Disclosure Standards» (CSDS) devrait en faire réfléchir plus d’un. Le train est lancé, et mieux vaut ne pas rester sur le quai. Plutôt qu’un retour en arrière, le moratoire européen est avant tout pragmatique. On peut même y voir un signe de maturité, tant le défi à relever pour mobiliser les fournisseurs et s’assurer d’une performance RSE mesurable est immense et nécessite des savoir-faire particuliers. Alléger, dépénaliser et différer les obligations de reporting extra-financier et de vigilance donne aux entreprises un peu d’air dans une période troublée. Un élagage qui permet surtout de se focaliser sur l’essentiel. Ceux qui sauront en profiter pour combler leur retard, ou prendre une longueur d’avance, seront les champions de demain. Depuis cinq ans, procure.ch a noué un partenariat avec la HES-SO de la HEG à Genève pour apporter son expertise au programme DAS (Diploma of Advanced Studies) en Management Durable et en certifier le module d’éthique des affaires dans la chaîne d’approvisionnement. Au vu du succès de cette collaboration, nous avons décidé d’aller plus loin. Ainsi, un deuxième DAS en Systèmes de gouvernance responsable s’est ouvert cette année, avec le concours de Procure.ch pour le module certifiant en Management de la responsabilité des fournisseurs. Ces deux programmes sont une magnifique opportunité de prendre le pouls des initiatives concrètes en matière de RSE. Nous y travaillons à mettre en place de manière concrète et opérationnelle les outils, pratiques et méthodes pour être capable de délivrer des résultats tangibles. Tous ces témoignages d’entreprises, d’acheteurs publics, d’organisations, de cabinets de conseil et de formateurs, mais aussi les ambitions des participants qui viennent se former pour agir dans leurs entreprises nourrissent l’envie de pousser le sujet un cran plus loin. Et vous, êtes-vous suffisamment armés et prêts à monter à bord à temps?

Aymeric Duprez

Le cofondateur d’ADXL se consacre à obtenir mieux des fournisseurs, comme acheteur mercenaire au service des PME et comme formateur achats, pour procure.ch notamment. Aymeric Duprez cultive une vision pragmatique, exigeante et chrétienne de la relation commerciale, dans une dynamique compétitive pour amener l’acheteur à «acheter mieux que son concurrent».

duprez@procure.ch